A qui avons-nous l’honneur ?
Bonjour, je m’appelle Moulaye, âgé de 26 ans et travaille actuellement comme auditeur interne dans un groupe du CAC40.
Mais si j’ai la chance de vous rencontrer aujourd’hui c’est en ma qualité de co-Fondateur de www.afrikrea.com
Depuis quand existe votre plateforme e-commerce ? Et comment vous êtes venu cette idée (votre déclic) ?
Alors la plateforme a été officiellement ouverte le 8 Mai 2013, bien que nous travaillions dessus depuis 2012.
En effet, l’idée du site vient de mon partenaire, Yacoub, qui en tant qu’ingénieur informatique et fils de créatrice, s’est rendu compte que sa mère, comme plusieurs autres créateurs, avaient un besoin crucial de visibilité.
Cependant, il a réalisé qu’il leur fallait plus qu’un site, mais également des outils et surtout de l’accompagnement pour optimiser leur activité, ce qui supposait une forte dimension de gestion. Il m’en a donc parlé, et en tant que passionné de l’artisanat africain j’ai immédiatement adhéré au projet.
Naturellement du coup, cela nous tenait à cœur de le faire avec une éthique forte afin que la plateforme bénéficie avant tout à ceux qui produisent les trésors qui la constituent.
Et après de longs échanges, nuits blanches et discussions nous avons décidé de nous y consacrer en plus de nos boulots respectifs.
Il existe d’autres e-commerces notamment Dawanda, Etsy ou encore A little market ? Quel est votre particularité ?
Tout d’abord nous sommes spécialisés, car AFRIKREA est dédiée aux produits inspirés par l’Afrique, de la mode à l’art en passant par l’artisanat, avec une belle part aux produits uniques et fait-main.
Mais surtout en plus, nous avons la particularité d’animer une communauté en actions notamment afin d’implémenter une mutualisation des couts grâce à la fédération des créateurs dans chaque zone du monde.
Pour faire simple, AFRIKREA permet à chaque créateur de s’appuyer sur le poids de l’union de leurs besoins respectifs pour y trouver des solutions communes. Cela se traduit par exemple nos partenariats avec DHL et UPS pour avoir des frais réduits de 10 à 50% mais aussi des évènements de vente comme le LaboEthnik . Les créateurs de la communauté AFRIKREA, en prenant un stand commun, paient individuellement bien moins cher que si ils y étaient allés seuls.
Enfin nous proposons des services de conseil notamment aux créateurs aussi bien en finance qu’en organisation, production ou distribution. Nous leur proposons aussi des références de partenaires et spécialistes dans d’autres domaines comme la photographie ou le marketing et l’image de marque.
Comment choisissez-vous ceux ou celles qui souhaitent vendre chez Afrikréa ?
Nous ne choisissons pas, ce sont les créateurs nous choisissent !
Tout créateur qui le souhaite peut librement créer sa boutique gratuitement sur AFRIKREA , en s’inscrivant et complétant lui-même sa boutique en quelques clics, textes et photos.
Que l’on soit africain ou non et où que l’on soit dans le monde, on peut vendre sur AFRIKREA, tant que les produits proposés sont inspirés par l’Afrique et restent dans le cadre de nos autres règles internes.
Par contre nous distinguons les créateurs à l’expérience et au service conséquent comme « Vérifié » (un peu comme sur Twitter). D’autre part, dans notre communication ou nos thèmes, nous sélectionnons les meilleurs produits pour les mettre en avant.
Depuis la création de votre site, combien avez-vous eu de marques et de créations ?
Aujourd’hui la plateforme réunit déjà plus de 90 boutiques différentes qui proposent à la vente plus de 1400 créations tout aussi originales qu’uniques. Vous trouverez aussi bien des bijoux que des jupes, des coques de téléphone que des coussins ou encore des porte-documents, parures etc….
Jetez un coup d’œil, et retournez-y souvent, vous y trouvez surement vos prochains coups de cœur 😉
Quel est votre objectif à long terme ? Avez-vous des futurs projets à nous faire partager ?
Notre objectif à long terme est de permettre d’offrir plus de services aux créateurs, mais également plus d’interactivité et de choix aux acheteurs. Notre ambition à terme reste qie les amateurs de ces produits uniques puissent vivre leur passion tout en permettant aux créateurs de vivre de la leur .
A plus court terme, les créateurs de la plateforme participent à des évènements tels que l’AfroChic « Happy 50 » à Paris et probablement à l’EthnoTendances de Bruxelles dans quelques mois.
De manière générale nous essayons de nous améliorer constamment et proposons régulièrement de nouvelles choses, n’hésitez pas à liker notre page Facebook et nous suivre sur les réseaux sociaux pour connaitre tous nos prochains évènements.
Que pensez-vous de la mode africaine ? Et comment la voyez-vous dans les 5 ans à venir ?
Ahhhh le vaste, complexe et si polémique sujet de la « mode africaine»
Pour ma part, je vais essayer de ne pas répéter ce qui a été déjà maintes fois débattu, combattu ou défendu sur la toile notamment. Il convient cependant de distinguer clairement la mode faite par ou pour les Africains (et la diaspora) de la mode inspirée par l’Afrique (dans les tissus, coupes ou visuels.)
Selon moi, l’une comme l’autre sont encore loin de représenter un réel marché (au sens économique) même si elles suscitent des passions et réactions remarquables, croissantes et de plus en plus fréquentes.
Dans les 5 prochaines années, le croisement de ces deux domaines est définitivement appelé à constituer un secteur d’activité considérable à condition qu’un ou des marché(s) formalisés et conséquents soient construits.
Il faudra que la mode faite par les Africains puissent être portée par tous, tout en faisant sorte que la mode pour les Africains reste accessible à tous, dans l’objectif d’inspirer des looks, produits et créateurs, partout dans le monde.
Cela se fera uniquement en respectant les meilleures pratiques tout en impulsant des tendances capables d’avoir un impact économique durable, et ce encore une fois, à l’échelle mondiale. Bref, tout un programme ^^
Selon vous, doit-on démocratiser la mode africaine ou garder son authenticité ?
Personnellement, je pense que le choix entre la démocratisation ou le conservatisme sont des alternatives qui se posent qu’une fois qu’on a atteint un certain niveau de développement.
Comme expliqué juste avant, à mon humble avis, la mode faite par les Africains n’y est clairement pas encore. En plus de l’élan d’envie actuel, l’objectif de démocratisation nécessite des structures opérationnelles, financières et institutionnelles qui sont tout juste en train de prendre forme. Nous espérons qu’AFRIKREA contribuera à cette structuration en s’entourant des autres initiatives et projets aux mêmes objectifs.
La question de préservation de l’authenticité se pose toujours en effet, surtout à la mode pour les Africains, ce qui est commun à toute consommation qui s’appuie sur des traditions.
Personnellement, même si j’y ajoute des boutons de manchettes et un col Mao, je ne me vois pas assister sans mon boubou en bazin riche aux mariages et festivités de mon pays ou de mon entourage !
Du coup, à chacun, acheteurs comme créateurs, de moderniser sans acculturer ses tenues, car après tout ce qui fait la mode c’est la capacité qu’elle porte de traduire notre personnalité à ceux qui nous entourent et regardent.
Pour finir, Un petit message pour le blog « Le Monde du Wax » et ses lectrices/lecteurs ?
Merci , merci, merci mille fois de m’avoir accordé cette opportunité d’échanger et d’avoir pris le temps de me lire !
J’espère qu’après cela vous partagerez et soutiendrez notre passion chez AFRIKREA pour la création africaine sous toutes ses formes !