Interview WaxTime avec Elise SORMANI, créatrice de la marque WASR (Afrique du Sud)

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En ce début du mois de mai, je vous embarque dans l’un des pays africains le plus visité au monde, en Afrique du Sud, à la rencontre d’Elise SORMANI, créatrice de la marque WASR installée à Cape Town.

Nos Interviews WaxTime reviennent avec de belles surprises rien que pour VOUS : la WaxCommunity dont la première surprise à la fin de notre interview 😉

Bonjour Elise, pour ceux et celles qui ne te connaissent pas encore, peux tu te présenter en quelques mots ?

 Bonjour ! Je suis la dirigeante et fondatrice de WASR- WeAllShareRoots. Nous produisons et vendons des sacs à main éthiques et ethniques, « made in » Cape Town en Afrique du Sud.

Sur le plan perso, je suis une ancienne parisienne, j’ai 36 ans et suis maman d’une petite fille d’un an. Je vis au Cap depuis 4 ans et j’adore cette ville.

Quel a été ton parcours avant de créer ta marque WASR ?

 Rien à voir avec la mode! J’ai travaillé à des postes de Marketing puis Gestion de projets dans l’industrie. J’ai toujours été passionnée par le développement durable d’impact social des entreprises (j’ai un MBA spécialisé dans ce domaine et mon dernier poste était dans le recyclage !)

En arrivant en Afrique du Sud, je suis tombée amoureuse de l’artisanat local et des tissus… Wax certes mais pas que ! 

Le shweshwe est le tissu traditionnel sud-africain qui est absolument magnifique. WASR est donc la jonction de mes préoccupations sociales, de mon amour pour les tissus et de mon passé de cadre en grande entreprise !

Mais que signifie WASR : We All Share Roots ?

We All Share Roots : Nous partageons tous les mêmes racines.

Au moment où j’ai développé mon projet et commencé la marque, Paris ma ville de cœur était touchée par de terribles attentats (Novembre 2015). J’avais envie d’apporter ma petite touche solidaire et positive dans toute cette morosité. Je suis passée devant un graffiti géant au Cap qui reprenait ces mots : We All Share Roots, avec un arbre qui prenait racine en Afrique. J’ai eu un coup de foudre immédiat, j’ai su que ça serait le nom de la marque.

Quel a été le déclic à te lancer dans cette belle aventure qui est l’entrepreneuriat ?

J’ai pris un cours de couture et mes deux premières réalisations ont été un sac en cuir et en wax et un cabas en shwehswhe. Dès que je les ai terminés, tout le monde m’a demandé où je les avais achetés. J’ai compris qu’il y avait quelque chose à faire, que le produit plaisait.

En plus cela faisait un moment que je me demandais comment travailler avec les bidonvilles et avoir un impact positif dans ce beau pays qui nous accueillait.

J’avais donc le produit et l’envie d’apporter du travail à ceux qui en avaient besoin, il n’y « avait plus qu’à » ! 🙂

Peux-tu nous en dire plus sur l’univers de ta marque ?

WeAllShareRoots c’est l’alliance des couleurs chaudes des tissus africains, des formes chics et faciles à porter, et de l’éthique d’un projet mêlant mode et responsabilité sociale.

Tous nos sacs à main sont réalisés à la main dans les townships et apportent des revenus à des familles qui n’en avaient plus.

Nos pochettes et cabas sont tous faits à partir de cuir et de tissus locaux, et offrent des finitions de grande qualité (ça c’est particulièrement ma touche de parisienne exigeante !)

Quelles sont tes sources d’inspirations ?

Sur le plan créatif : les tissus ! Dès que je les vois, portés ou en boutique, j’ai des idées plein la tête !

Sur le plan entrepreneurial : toutes les femmes ayant réussi le pari de créer leur entreprise. Dans un monde professionnel parfois si masculin, ce n’est pas toujours évident de s’imposer avec ses idées, ses processus, etc. Il faut persévérer et y croire, j’admire donc toutes celles qui ont réussi !

Dans l’aventure WASR, tu travailles seule ou en équipe ?

 Les deux ! Je suis seule – à ce jour- dans la gestion globale de la marque (ventes, production, facturation, design, etc.).

Mais j’ai un associé qui s’occupe des questions administratives et légales. Et surtout j’ai une formidable équipe de couturières à qui je fais appel pour l’élaboration des sacs !

Entrepreneuse : peux-tu nous raconter ta journée type ?

Si seulement il y avait une journée type ! Mes journées varient tous les jours en fonction des priorités du moment. Quand je travaille sur la production, je cours les magasins de tissus, de cuirs, de matières premières et je passe surtout beaucoup de temps dans les townships (bidonvilles). Quand je ne suis pas sur la production, je livre les boutiques, réalise les envois des commandes en ligne, fais les factures, mets à jour les réseaux sociaux…. Bref, je ne m’ennuie pas ! 

Si on devait résumer ta marque en 2 mots ? Que seraient ces mots ?

 SACS ETHIQUES tout simplement !

Quels conseils donnerais tu à toutes celles et ceux qui souhaitent se lancer dans cette folle et belle aventure qui est l’entreprenariat ?

 J’en aurais tant ! Je pense que le principal est de ne pas se désespérer devant la masse de travail à fournir et les nombreux sujets à faire avancer. Il faut prendre les sujets les uns après les autres, faire un pas après l’autre. Il m’est souvent arrivé de regarder la montagne de choses que j’avais à faire et de ne pas savoir par quoi commencer ou encore de douter d’en être capable. En fait, il faut mettre les choses à plat et travailler un sujet après l’autre.

Il faut aussi savoir de temps en temps sortir la tête du guidon et apprécier le chemin parcouru ! (et là je me dis que je ne le fais pas assez d’ailleurs !)

C’est le moment Waxtime, Selon toi qu’est-ce que la mode africaine ?

Bonne question ! Pour être basée ici en Afrique du Sud, je réalise qu’il n’y a pas UNE définition de la mode africaine. La tendance est au métissage, ici comme ailleurs : une femme va porter un haut Zara, un collier traditionnel Zoulou en perles et une paire de stilletto avec des talons de 10 cm ! Une autre va avoir une tenue traditionnelle ! Une 3ème encore un style complètement différent. En tout cas, je trouve que les quelques points communs généraux sont la couleur et une vraie féminité avec des formes qui mettent en valeur la silhouette des femmes. Je trouve aussi qu’il y a une forme de fierté et de revendication dans la mode ici. C’est pourquoi pour moi, elle n’est pas liée à une couleur de peau mais vraiment à une envie de porter hauts les couleurs de l’Afrique et de la femme !

Une adresse incontournable à Cape Town ? 

Un quartier que j’aime beaucoup au Cap : c’est BoKaap (en plus c’est là où We All Share Roots prend ses nouveaux bureaux !)

Il s’agit du quartier Malais, des descendants d’esclaves, principalement musulmans et surtout hautement colorés ! Toutes les petites maisons sont peintes de couleurs différentes.

Les couleurs, le métissage des gens qui y vivent, les marchands d’épices, etc, tout est tellement inspirant pour moi. J’adore m’y promener.

J’y ai aussi une boutique qui vend mes sacs : BoKaap Bazaar.

Ferme les yeux et imagine toi dans 5 ans : comment vois-tu la marque WASR ?

Je rêve d’avoir un atelier dans le township où les femmes sont formées et peuvent gagner décemment leur vie. Je rêve aussi d’une équipe qui m’aiderait à porter la marque au quotidien !

Comment peux-t-on te suivre (réseaux sociaux, site web…) ?

La marque est présente sur FacebookInstagram 

Il y a aussi un site web avec un e-shop qui expédie les sacs partout dans le monde : www.weallshareroots.com

As-tu des futurs projets à partager en exclusivité ?

Une ligne complètement vegan est en cours de production. Elle sera l’aboutissement d’un travail sur le plan social mais aussi environnemental. Le cuir est produit à base de fibre d’ananas et en plus il est vraiment beau !

Un petit message pour le site « Le Monde du Wax » et ses lectrices/ lecteurs ? 

Continuez de mettre à l’honneur ce magnifique tissu qu’est le Wax ainsi que toutes les initiatives « Made in Africa » !!

Et pour les lectrices et lecteurs du site, j’aurai plaisir à glisser un petit cadeau dans vos commandes avec le code : GOODIESLEMONDEDUWAX.

Si vous aimez le Wax et les boucles d’oreille, vous ne serez pas déçus !